Les origines du kamishibaï

kami : papier 
shibaï : théâtre
kamishibaï : théâtre de papier

Le kamishibaï n’est pas qu’un simple théâtre miniature ambulant où le narrateur dit une histoire à l’aide de planches illustrées. C’est un art véritable, qui a résisté aux bouleversements du XXe siècle.
C’est en 1930 que le kamishibaï se développe sous sa forme actuelle. La crise économique qui secoue le monde entraîne un grand nombre de chômeurs au Japon. Pour gagner quelques sous, certains d’entre eux s’installent sur les places publiques et dans les lieux de passage des enfants auxquels ils racontent des histoires tout en vendant des sucreries. Pour annoncer leur arrivée, ils utilisent les « Hyôshigi », bâtons de bois que l’on frappe l’un contre l’autre en rythme, et en criant « Kamishibaï , kamishibaï ».
En 1931, on compte près de 2000 personnes exerçant ce métier à Tokyo.
Le Kamishibaï est une véritable institution au Japon, toujours très présent dans les familles, les écoles et les bibliothèques.

Depuis les années 80 , le kamishibaï s’est répandu dans le monde entier. Il permet de proposer des spectacles qui s’appuient sur un dispositif léger. Véritable outil de médiation culturelle, il connaît un engouement dans les bibliothèques et les écoles.

Les caractéristiques du kamishibaï

Le kamishibaï, c’est l’ensemble des illustrations ainsi que le texte dit par le narrateur.

Le kamishibaï se présente sous la forme de planches illustrées que l’on fait défiler par glissement, image après image, dans un castelet en bois appelé butaï. Il peut servir de support à des œuvres de fiction, histoires originales ou adaptations de contes traditionnels.

Le Butaï, littéralement la scène, est une sorte de castelet muni de trois volets : deux verticaux et un horizontal.
C’est le butaï qui sépare la fiction de l’histoire de la réalité et qui permet la concentration du public sur le kamishibaï. 
Lorsqu’on ouvre les volets du butaï, le public voit dans la fenêtre ainsi dégagée la première planche illustrée.
À l’arrière du butaï se trouve une autre fenêtre qui permet au narrateur de voir le texte et la vignette de la planche vue par le public.

Le kamishibaï se différencie de l’album illustré aussi bien par sa forme que par le lien qui s’établit entre le narrateur qui assure la représentation et le public. Le mode de représentation du kamishibaï implique que l’œuvre ait été conçue à cette seule fin. L’artiste qui illustre les planches fait en sorte que son travail s’adapte parfaitement à la façon de les glisser dans le butaï. Cela signifie, par exemple, que tous les personnages ainsi que leurs actions sont conçus en fonction du sens de sortie des planches. Les images doivent être simples, sans détails inutiles, de façon à ce que l’ensemble des motifs puisse être vu de loin.
Dans le kamishibaï, ce sont les images dans le butaï qui sont les acteurs et qui font le théâtre, l’artiste kamishibaï n’est pas acteur de l’histoire, du reste il n’est pas sur scène .
L’artiste kamishibaï est le narrateur, l’interprète du kamishibaï, le médiateur entre le monde réel et imaginaire. Il peut aussi être le créateur de l’histoire, du texte et des illustrations.

Les deux actions principales dans le kamishibaï

  • Tirer les planches hors du butai pour faire place à une nouvelle illustration dans la continuité du récit.
  • Remettre les planches  dans le butaï pour qu’elles soient mises à l’arrière des autres et vues du narrateur

Le narrateur tire et remet la planche dans le butaï : c’est comme une respiration entre le monde imaginaire et le monde réel.
L’univers de l’histoire se répand dans l’espace réel, un espace qui est celui du public. Ce partage des sensations et de l’émerveillement de l’histoire racontée développe le sens du « kyokan », mot pour lequel nous n’avons pas d’équivalent en français et qui pourrait se traduire par « partage de sentiments et de sensations ».

Lorsque la séance commence, les planches sont à l’intérieur et le castelet est fermé. Son ouverture et sa fermeture à la fin de l’histoire sont importants et doivent être marqués.